Renaissance artistique pour Lille
Pour faire suite à l’article Renaissance : de Rio à Lille, j’ai été invitée, en septembre dernier, par les offices du tourisme de Lille et de Roubaix pour le week-end de lancement de Lille Renaissance.
Qu’est-ce que la Renaissance pour nos amis chtimis ?
Il s’agit d’un événement culturel organisé par Lille3000 pour mettre à l’honneur 5 villes dans le monde : Rio, Detroit, Eindhoven, Phnom Penh et Séoul. Pourquoi ces villes ?
Dans un monde en perpétuel changement, elles ont réussi une transformation urbaine et culturelle de leur société. Chaque artiste nous présente dans son travail, exposé aux 4 coins de la métropole lilloise, le renouveau intellectuel et artistique de sa ville d’origine.
Plus que 20 jours avant la fin de Lille Renaissance. Un petit teaser pour t’inciter à y faire un tour :
Tout commence par une grande parade. Dress code très sympa : à poils, plumes ou paillettes (on reconnaît bien là l’humour et la bonne humeur du nord) ! Au rythme endiablé de la samba, des chars aux couleurs du Brésil défilent dans les rues de Lille, de la gare Lille Europe, en passant par la rue Faidherbe et ses statues géantes de Rio jusqu’au quai du Vaux. Godzilla est de la partie et une DJ coréenne met le feu sur la place de l’opéra. Des milliers de personnes s’accumulent pour tenter de voir le cortège. On se croirait en pleine braderie de Lille avec en bonus l’ambiance de folie !
Lille Renaissance, ce n’est pas qu’une parade, c’est aussi des expositions. Par avance, je m’excuse car je n’ai pas eu le temps de faire celle d’Eindhoven… Toutefois, je vais vous dire ce que j’ai aimé dans chacune des autres expositions.
Exposition Cariocas – Rio – Maison folie de Wazemmes
Pascal a eu la chance d’interviewer les artistes de cette exposition lors de son voyage à Rio d’août dernier. C’était donc avec curiosité que je découvrais leur travail « en chair et en os ». Le message qu’ils ont essayé de transmettre est-il bien retranscrit dans l’expo ? Mission accomplie !
D’un côté, j’ai compris que même s’il y a des bons côtés à transformer la ville (plan de rénovation et d’urbanisation, désenclavement des favelas…), beaucoup de problèmes ne sont pas pris en compte et l’humanisation de ces projets a été oublié. A travers l’art, ces artistes présentent d’une manière visuelle, provocatrice mais non violente ces problèmes de société.
Par exemple, j’ai adoré les cartes postales des petits vendeurs de plage du collectif Opavivara. Ironie des artistes. Cela aurait pu être la parfaite carte clichée de vacances. Les vendeurs sont souriants mais la réalité est bien là. Il n’y a pas d’emploi.
D’un autre côté, ils montrent aussi que même si la vie est dure, il n’y a pas que des problèmes de pauvreté, drogue et violence dans les favelas. Il y a aussi des personnes comme toi et moi, une vraie communauté de vie qui chante, danse, travaille et aime vivre chaque instant. Les montages vidéos de Dias & Riedweg sont l’exemple parfait. J’étais immergée en plein carnaval de Rio ou encore dans la vie quotidienne d’un livreur d’une favela.
Exposition Phnom Penh – Hospice Comtesse
Quand je pense à Phnom Penh, je la réduis malgré moi au génocide des khmers rouges et destruction du patrimoine. Effectivement, cette thématique est présente dans l’exposition. Elle est partie intégrante de l’histoire du pays et ne doit pas être oubliée pour éviter de reproduire les mêmes erreurs. Par contre, j’ai été agréablement surprise de voir qu’aujourd’hui c’est bien plus que cela. Ces jeunes artistes cambodgiens ont fait preuve d’un talent remarquable pour donner un nouveau souffle et identité à leur société où se mêlent modernité et tradition.
3 artistes ont particulièrement attiré mon attention :
- Ti Tit et sa série d’autoportraits dans « Cambodge is bizarre ». Son travail m’a d’autant plus parlé car c’est un jeune blogueur et adepte des réseaux sociaux qui a réussi à toucher toute sa génération en recherche d’identité. Il a su représenter, d’une façon rebelle et drôle, les problèmes que chaque jeune se pose : Suis-je bizarre ou simplement diffèrent ? Est-ce que le suicide est une solution ? Le regard des autres ? Il ose braver les tabous de cette société traditionnelle
- Sophal Neak et ses portraits de cambodgiens. Leurs visages sont cachés par un objet représentant leur travail de tous les jours. Dans cette société en quête d’identité, l’activité professionnelle en est malheureusement le premier critère. Toutefois, on retrouve toujours cette dualité entre tradition et modernité dans l’évolution des métiers.
- Vannak Khun et sa série d’autoportraits dans « Numbers ». La photo qui m’a le plus marquée est celle où il se projette un code bar sur son corps, un peu comme s’il était un produit à vendre. Nous sommes devenus des numéros. Les chiffres forment aujourd’hui notre identité : numéro de téléphone, mot de passe d’ordinateurs, code de sécurité social… Ça me fait un peu penser à un film de science-fiction mais la réalité est bien là, ce n’est plus de la fiction !
- Mention special du jury No Mad Land pour Lina Pha. Il photographie des habitants de la région du Ratanakiri entourés de mètres de ruban jaunes. Cela représente la surface de leurs terres dont ils sont expulsés. Tout d’abord, j’adore la façon subtile et géniale de dénoncer cette injustice mais également, les photos sont à couper le souffle !
Séoul, vite, vite ! – Tri Postal
Une de mes expositions préférées, très dynamique et ludique. J’y ai passé 3h ! Entre couleurs un peu flashy, machines ultra-modernes futuristes, courts-métrages coréens de qualité et perpétuation des traditions, on se sait pas où donner de la tête. La modernisation de la ville s’est faite à la vitesse de la lumière et je l’ai ressenti dans chacune des œuvres. Ce que j’ai aimé :
- Les machines / robots futuristes qui m’ont permis de retomber en enfance comme dans un livre de Jules Verne
- Les courts-métrages projetés qui mêlent à la fois mystère, intrigue et beauté des images
- la reconstitution d’un appartement à Séoul : culture K-pop, design moderne et tradition asiatique
- le DVD Bang : mini cinéma intimiste prisé par les adolescents où j’ai découvert des longs métrages coréens
Il faut changer ta vie ! – Tri Postal
Malheureusement je n’ai pas eu le temps de finir l’expo… Mais l’approche est très sympa. Elle nous fait réfléchir sur nous-même, à ce qui nous entoure et comment nous réinventer. Comment devenir acteur de la Renaissance !
Exposition Detroit – Gare Saint Sauveur
Detroit, ville fantôme : déclin, faillite et désolation. Pour être honnête, avant cette expo, je ne savais pas que la situation de la ville était si terrible. On a l’impression de voir un film apocalyptique où tout n’est que ruine et pauvreté… Plusieurs vidéos sont projetées pour expliquer la triste situation passée et actuelle. Mais Detroit entame aujourd’hui sa Renaissance grâce aux initiatives locales : fermes communautaires, ateliers d’artistes construits dans des lieux désaffectés, reconversion d’un théâtre en parking… La route semble longue mais l’espoir est là !
Pour en savoir plus :
Cet article a été écrit dans le cadre d’un partenariat avec l’office du tourisme de Lille et de Roubaix. Cependant toutes les opinions me sont propres (l’événement est tellement génial que je ne pouvais pas ne pas écrire un article :-)). Un grand MERCI à Florence et Audrey pour votre accueil et votre bonne humeur. La devise est vraie, les ch’tis sont adorables !
Où se loger ?
Booking.comD’autres activités aux alentours
Alalala que des bons souvenirs 😉
J’en garde un très bon souvenir de Lille 3000
J’ai vraiment adoré l’expo au Tripostal et la cérémonie d’ouverture
L’expo Phnom Penh est poignante
Si tu remontes sur Lille avant le 17/01, n’hésite pas à me le dire 😉
Je confirme, c’était top !